Emile Claus, Le Pont à Londres


Emile Claus (1849-1924). Le Pont à Londres, 1918. Huile sur toile, 102 x 126 cm. Collection particulière, Belgique

La Grande Guerre fit tout voler en éclats. Les Salons fermèrent et la plupart de nos artistes s’arrêtèrent de travailler.
Charles Cottet, malade et très affecté par la perte d’un neveu, cessa de peindre, tout comme Aman-Jean, Jacques-Emile Blanche ou Jean-François Raffaëlli.
André Dauchez perdit son atelier, presque entièrement détruit par une bombe allemande, ainsi que les tableaux qu’il abritait.
Henri Duhem dut faire face à la mort de son fils Rémy sur le front – une disparition suivie par celle de son épouse Marie. Inconsolable, il réalisa néanmoins un extraordinaire ensemble d’aquarelles, chronique amère de sa ville de Douai livrée à l’occupant.
Albert Besnard et George Desvallières perdirent aussi leur fils au combat. Cela n’empêcha pas Desvallières, grand patriote engagé volontaire à l’âge de 53 ans, de diriger un bataillon jusqu’à l’Armistice.
À la demande de l’administration, René Prinet et Lucien Simon (qui eux, ne s’étaient jamais arrêté de travailler) s’en allèrent peindre la troupe sur le front d’Alsace.
Le Sidaner resta à Versailles à peindre les allées de Trianon désertées par les jardiniers.
Emile Claus enfin, s’était réfugié à Londres, où il passait fréquemment pour un espion à cause de son accent flamand.
Il était installé dans une minuscule chambre dont les deux fenêtres ouvraient sur le magnifique panorama de la Tamise entre Westminster et London Bridge.
Là, il retrouva la passion de peindre et se mit à travailler frénétiquement sur son fameux ensemble intitulé Réverbérations, dont fait partie l’œuvre exposée devant vous.
Cet ensemble obtint un triomphe au lendemain de la guerre.